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Haiti
À Port-au-Prince, je monte dans un taxi. Pipo, le chauffeur, sait tout : les compositions des équipes de foot, les primaires américaines, la politique haïtienne. Il drague par la fenêtre, récite Rimbaud, pleure et me confie son rêve : devenir marine américain. En partant, il me tend son numéro. Il soutient à fond le candidat à la présidentielle : une star de la chanson surnommée « Têt Kalé ». Pipo avancera dans la vie par tous les moyens possibles.
Rien ne fonctionne dans ce pays. Il est presque entièrement administré par des agences internationales et des ONG. Les élections sont des mascarades, les droits humains inexistants, la superstition est instrumentalisée et la police corrompue.

Et pourtant, aux yeux de l’étranger, il y a une beauté et une vitalité évidentes, que j’ai du mal à définir.
Dans les écoles, l’absentéisme est très élevé, surtout chez les enseignants, car ils ne gagnent que 30 $ par mois et préfèrent travailler dans le secteur privé. Aujourd’hui, 80 % des écoles sont privées.
uvalier régnait en homme et en mythe. Habillé en Baron Samedi, il imitait sa voix et prétendait avoir maudit JFK avec son chiffre porte-bonheur, le 22. L’armée fut remplacée par les « tontons macoutes », milice inspirée du croque-mitaine. Pas besoin d’idéologie : la peur suffisait.
La lune brille dans un ciel d’orange et de mangue. Le dépouillement des bulletins se poursuit tard dans la nuit, tandis que de petits braseros crépitent sous les étoiles.
C’est une société de castes, avec des hordes d’esclaves domestiques (même les pauvres en ont : plus pauvres qu’eux). Celui qui ne profite pas d’une occasion de s’enrichir est traité d’imbécile : « imbécil ki pa pran » (« l’idiot qui ne prend pas »).
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